PARCS & JARDINS HAUSSMANNIENS ET BIODIVERSITE A PARIS
Peut-on dire que les parcs et jardins haussmanniens constituaient, à l’origine (1860-1870), un apport pour la biodiversité en ville ?
Prenons l’exemple du Parc des Buttes-Chaumont. À l’origine, ça n’était pas spécialement leur vocation : le mot et la préoccupation de biodiversité n’existaient d’ailleurs pas. Au contraire, la sauvagerie était hors-sujet. Les squares, parcs & jardins proposaient une certaine vision de la nature : totalement domestiquée, sur mode d’ingénierie, de manière néo-louis-quatorzienne :
- le paysage, quand il n’était pas conçu de toutes pièces (les Buttes étaient à l’origine une butte-témoin aride, le Chauve Mont, qui a fait l’objet d’extraction de matériaux de construction et de dépotoir), était artistiquement remodelé (galbes des pelouses, plan au sol des massifs en motif cachemire …), recomposé de la manière la plus pittoresque, la plus dramatique possible (le rocher des Buttes est sculpté à la dynamite), avec moult effets scénographiques (massifs cachant jusqu’à la dernière minute une vue sublime…) voire dramatiques (le rocher des Buttes, fort abrupt, se mire dans un miroir d’eau placé dans un creux bien décaissé) ;
- les plantes proposées sont essentiellement exotiques (arbres et arbustes venus d’Asie et d’Amérique ; herbacées florifères Africaines pour l’été…) ou horticoles (hybrides et variétés à port fastigié, pleureur ou tortueux ; à feuillage doré, pourpre ou panaché…) ;
- on présente au public des animaux exotiques ou de race : canards, oies, cygnes, poissons…
En un mot, il s’agit de parcs & jardins où les paysages, plantes et animaux de collections, à l’image de celles de quelques bourgeois et des aristocrates, sont démocratisés – et gratuits ! On peut parler de nature, de naturel, mais, à ce stade, très peu de biodiversité (exotique, rapportée).
N’y a-t-il donc vraiment rien d’autre en termes de biodiversité ?
Mais si ! Aux Buttes-Chaumont existe déjà une sorte de gestion différenciée et même une composition différenciée :
- les espèces exotiques et variétés horticoles permettent d’étaler la période de floraison / fructification des plantes régionales. Les pollinisateurs, frugivores et granivores peuvent profiter de ces sources d’énergie supplémentaires !
- puisqu’on veut composer parfois la vue de paysages des provinces françaises ou des pays voisins, on utilise ça et là des plantes indigènes en massifs : sapins pour faire vosgien / suisse ; chênes verts et phylaires pour faire méditerranéen / italien… ;
- en cœur des massifs d’arbres et arbustes, on bourre avec de l’indigène de bois ou sous-bois : ifs, buis… ;
- il existe un gradient de composition & gestion, qui commence aux entrées (les plus artificielles, fleuries, apprêtées-taillées…) et va vers le cœur (plus « naturel », y compris avec des plantes moins détonantes, plus souvent indigènes sans être forcément régionales, présentant un port plus libre) ; au cœur, les plantes indigènes sont peut-être utilisées plus souvent ;
- la gestion est cohérente avec les reliefs : sur les pentes abruptes, il n’y a pas des pelouses mais des prairies / friches ;
- laisse-t-on venir et rester des plantes spontanées à certains endroits ? Quoi qu’il en soit, on n’utilise pas encore, à l’époque, des moyens de lutte chimique, et pour cause ;
- dernier petit plus pour la biodiversité : les promeneurs étaient tenus à l’extérieur des zones plantées.
Pour conclure, à l’origine, c’est plus souvent de la nature que de la biodiversité, mais il y en a déjà ça et là.
Modernisation des parcs & jardins haussmanniens
Pour commencer, il faut savoir qu’HAUSSMANN avait souhaité un gradient de nature des espaces verts à Paris, pour répondre à des usages & usagers différents :
- au cœur de la ville, les squares, petits & très urbains, notamment garnis de plantes exotiques et horticoles à haute dose ;
dans les arrondissements périphériques, des jardins plus amples et des parcs déjà moins horticoles, ou offrant un cœur de parc contenant plus d’indigène, comme dit plus haut ;
- extra muros, les 2 bois offrent plus de sauvagerie, tout en conservant des entrées et quelques secteurs très jardinés, exotiques & horticoles.
Plus les espaces verts sont excentrés, mieux ils supportent un switch de recomposition paysagère pour accueillir davantage d’espèces régionales et une gestion plus extensive.
Il reste un certain enjeu pour la biodiversité à Paris : la mutation des bassins et effets d’eau haussmanniens vers des éléments des trames verte et bleue plus favorables à la biodiversité.
bénéfices attendus des toits-terrasses végétalisés
- isolation thermique (voir image de thermographie)
- isolation phonique
- isolation contre les UV…
du moins, au dernier étage !
- biodiversité
V’ile Fertile : du maraîchage au Bois de Vincennes
Une association maraîchère participative loue à la ville de Paris un terrain de 600 m2 dans le bois de Vincennes. Graphiste, infirmier ou plombier, ils proposent leurs légumes en vente directe.
Dans le cadre d’un appel à projet de la ville de Paris, l’association V’Ile Fertile s’est constituée en 2013 et a été dotée d’un terrain pendant au moins 3 ans pour créer une micro ferme bio-intensive valorisant les déchets organiques urbains.
La ferme a pour objectif de créer un cercle vertueux entre l’utilisation des déchets urbains (les invendus des marchés, les déchets d’élagage, le crottin des haras) et leur transformation en engrais organique, paillis (BRF) pour améliorer le sol et économiser l’eau et réalisation de couches chaudes pour hâter les cultures.
La ferme sera à la fois un lieu de production alimentaire et de pédagogie avec des ateliers pour les plus jeunes autour des questions autour de l’alimentation et de l’écologie.
plus sur > http://www.vilefertile.paris/
RÔLE DES ESPACES PRIVES DANS LE BON FONCTIONNEMENT DE LA BIODIVERSITE, NOTAMMENT EN EN CONTEXTE URBAIN DENSE
« L’espace privé individuel pourrait devenir un des leviers d’une politique en faveur de la biodiversité, en favorisant les logiques collectives et participatives, à condition de faire des habitants les acteurs de cette démarche. »
conclusion de la conférence de Laurent SIMON, dans le cadre des échanges du Réseau scientifique, conduits le 13 février 2014 par l’Observatoire Parisien de la Biodiversité
IMPORTANCE ET SIGNIFICATION D’UNE TRAME VERTE ET BLEUE EN CONTEXTE URBAIN DENSE
Selon Boris JOHNSON, Maire de Londres, « [la trame verte & bleue de Londres] a besoin du même niveau de protection, d’investissement et d’innovation dans sa conception et sa gestion. Le terme d’infrastructure verte peut sembler étrange, mais compte tenu de l’échelle et de la portée des bénéfices que ces espaces offrent à notre ville et à ses quartiers, il est vital que nous les appréhendions comme étant une partie intégrante du métabolisme de la capitale comme les routes, les voies ferrées ou les réseaux d’eaux propres et usées. »