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Liste des articles dans la catégorie IK. ANNEES 1980-1990.
PARC DÉPARTEMENTAL GEORGES VALBON, PLUS CONNU COMME PARC DE LA COURNEUVE (93) : LE PLUS GRAND PARC D’ÎLE-DE-FRANCE
Le parc se situe sur l’ancien lit de la Marne. Celle-ci en se retirant laissa une zone humide et marécageuse ainsi que des sols d’alluvions qui furent exploités par les maraîchers, nombreux dans le secteur jusqu’à un passé récent. La faune et flore aquatiques sont l’un de ses intérêts.
Plus connu sous le nom de Parc de la Courneuve, il a été officiellement rebaptisé parc Georges-Valbon le samedi 9 janvier 2010, en hommage au premier président du Conseil Général de Seine-Saint-Denis.
commune concernées : La Courneuve, Saint-Denis, Stains, Dugny (Seine-Saint-Denis) et Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise).
surface : 415 ha
gestionnaire : Conseil Général de Seine-Saint-Denis
HISTORIQUE
Des cultures de céréales étaient pratiquées du Moyen Âge au xixe siècle, puis des cultures maraîchères (dès 1820) pour l’approvisionnement de la capitale.
Ces terrains situés dans la partie basse du département, quasiment au niveau de la Seine, étaient très humides et inondables.
Ainsi le site était traversé par plusieurs rivières et rus : le Croult, le Rouillon, la Vieille Mer, la Morée, la Molette et de nombreux petits ruisseaux de drainage complétaient cet ensemble.
L’idée de réaliser une promenade publique sur le site date de 1925 à l’initiative du Conseil général de la Seine qui réserve 800 ha de terrain ; l’idée est relancée en 1934, mais il faut attendre 1954 pour qu’un avant-projet soit réalisé ; le paysagiste Albert Audas imagine un projet similaire à celui du Bois de Boulogne avec de grandes allées pour les voitures…
Une première tranche de 136 ha est réalisée en 1960.
Dans les années 1960, l’ouest de la zone actuelle du parc abritait le bidonville de la Campa, où vivaient dans le plus grand dénuement des centaines de familles, notamment d’origine nord-africaine et espagnole, qui furent relogés plus tard dans les cités HLM du secteur3.
Avec la création du Conseil général de la Seine-Saint-Denis, le projet change de perspective et sera réservé aux piétons.
Le parc de La Courneuve grandit par tranches successives :
- années 1960 : 136 ha sont aménagés recréant la nature au travers de massifs boisés et de prairies rustiques traversées par de nombreux sentiers.
- années 1970 : de nouveaux paysagistes, Alain Provost et Gilbert Samel, vont créer un monde totalement artificiel composé de vallons, coteaux, lacs, belvédères.
- années 1980 : le public veut être plus près de la nature. Les trois lacs supérieurs sont aménagés de manière à permettre un meilleur équilibre biologique. Un combat est mené contre le projet d’une autoroute A16 qui aurait traversé le parc, finalement abandonné.
LE PARC
Le parc compte de grands espaces verts, sauvages ou aménagés dont sept plans d’eau naturels (l’étang des Brouillards) ou artificiels (le Grand lac de 12 hectares, le Vallon…) et même des cascades de 12 mètres de haut.
La roseraie comprend 45 000 roses de 120 variétés.
On plante chaque année 90 000 bulbes.
La Vallée des fleurs, composée de plantes vivaces, s’étend sur 1,6 hectare.
ÉCOLOGIE & BIODIVERSITÉ
Une partie du parc est classée site Natura 2000.
FAUNE
- poissons Introduits par des promeneurs ou fortuitement par des oiseaux d’eau, le brochet, la perche, le poisson-chat et la perche-soleil sont les prédateurs les plus présents. On y trouve également la carpe miroir, la carpe cuir (visibles dans le Grand Lac et dans le petit lac à côté du Pont Iris), la tanche, le gardon et le goujon, la brème commune, la brème bordelière ainsi que le poisson rouge.
- amphibiens Entre autres, le crapaud calamite, des salamandres et des tritons.
- oiseaux Si certains sont difficiles à observer, ce n’est pas le cas de la pie, qui fréquente les prairies du Parc
Parmi les 140 espèces inventoriées, l’espèce emblématique du parc est le blongios nain, le plus petit des hérons d’Europe. Plusieurs couples nicheurs de cette espèce menacée y sont observés et s’y reproduisent. Autres espèces rares, le martin pêcheur et le pic noir sont régulièrement observées dans le Parc, parce qu’ils y trouvent des habitats favorables à leur alimentation ou leur reproduction. De nombreux oiseaux d’eau migrateurs (fuligule milouin, canard souchet, bruant des roseaux, grèbe castagneux, butor étoilé8, chevalier guignette…) font escale dans le parc. De même, grâce au phénomène de marnage de l’étang des Brouillards et du Vallon, les oiseaux limicoles (gravelots, bécassines…) peuvent s’arrêter et se nourrir dans le parc. Plus communes, poule d’eau, grèbe huppé, le cygne, foulque sont des habitués des lacs, alors que les bois abritent le rouge-gorge, la mésange, le pic vert, le pic épeiche et le hibou moyen-duc. Faucon crécerelle, épervier d’Europe, alouette des champs sont visibles en milieu ouvert.
- mammifères Le parc étant enclavé dans une zone urbanisée, le nombre d’espèces de mammifères reste limité. On peut néanmoins parfois observer le renard roux, qui se reproduit dans le parc, ainsi que de nombreux lapins de garenne, souvent peu farouches.
Parfois, on observe fouines, belettes et hérissons.
L’analyse des déjections des hiboux moyen-duc indiquent la présence de musaraignes musette, campagnols des champs, mulots sylvestres, souris grises dans le parc, ainsi que le lérot d’Europe et le rat des moissons, plus rares dans le département.
Des chauve-souris chassent au-dessus de plans d’eau du parc, malgré l’absence de bâtiments ou de vieux arbres où elles pourraient s’établir.
FLORE
Une riche végétation, horticole (séquoia, cèdre du Liban, gingko biloba, tulipier de Virginie ; rosiers ; tulipes & dahlias…), mais aussi sauvage, dont toute la gamme de plantes aquatiques (de pleine eau, de berge ou de marécage) dont des saules, des aulnes, le rubanier ou l’utriculaire commune, plante carnivore flottant entre 2 eaux.
GESTION ÉCOLOGIQUE
Les pairies ne sont fauchées qu’une fois par an, à la fin de l’été pour respecter le cycle des plantes et de la faune.
25 gardiens à cheval ou à VTT.
CONCLUSION
Parc très apprécié (près de 2 millions de personnes par an),…
La diversité de ses paysages, son relief et l’aménagement harmonieux des espaces naturels et des équipements pour les jeux et le sport en font un parc attractif, à voir absolument et en toutes saisons.
VISITES
Le parc compte 8 chemins de randonnée.
2 parcours autour des lacs, de 1 ou 2 km, comportent des stations illustrées avec une information sur la faune et la flore autour du lac. Le premier parcours mène de la Maison du Parc aux berges du Grand Lac ; le second du Pont Iris aux rivages des lacs supérieurs. Idéal aussi en famille.
Des visites guidées et des animations nature pour découvrir la faune et la flore, des ateliers et des expositions sont proposés toute l’année : renseignements à la Maison du parc (01 43 11 13 00)
ATTENTION : HORAIRES VARIABLES
- du 1er janvier au 28 février : de 7h30 à 18h00
- du 1er mars au 31 mars : de 7h30 à 19h00
- du 1er avril au 30 avril : de 7h30 à 20h30
- du 1er mai au 30 août : de 7h00 à 21h00
- du 1er septembre au 30 septembre : de 7h30 à 20h00
- du 1er octobre au 30 octobre : de 7h30 à 19h00
- du 1er novembre au 31 décembre : de 7h30 à 18h00
A NE PAS RATER
- la Maison du Parc : organise de nombreuses manifestations, expositions et visites thématiques
- le belvédère, situé à 35 mètres au-dessus du Grand Lac, permet de profiter d’une vue panoramique sur le parc
- la végétation autour du Grand Lac et…
- …sur le lac, en faisant du pédalo
ACCÈS
55 bis avenue Waldeck Rochet, 93 120 La Courneuve
RER B La Courneuve Aubervilliers
Bus 249, 250 ou 302
CONTACT
tél. : 01 43 11 13 00
LE JARDIN SAUVAGE SAINT-VINCENT (Paris, 18e)
visite guidée GRATUITE le dimanche 11 septembre 2011, à 10h30
situation : face au n° 14, rue Saint-Vincent
surface : 1.480 m2
création : 1985
Ancien jardin de l’une des plus anciennes maisons de Montmartre (celle qui a abrité à partir de 1960 le Musée du Vieux Montmarte, accessible par le 12, rue Cortot), devenu propriété de l’Hôtel Demarne au XIXe s., puis square public au début du XXe s., l’espace est abandonné à lui-même pendant une vingtaine d’années avant sa réouverture en 1985. Voici donc comment est née cette friche urbaine.
Au début des années 80, la décision est prise d’y redonner un accès restreint, après un aménagement très léger : consolidation de la pente, aménagement d’un sentier, creusement d’un bassin. Un regret : quelques espèces animales et végétales y ont été introduites : la friche est donc plus que jardinée…
Un espace vert écologique
En plus d’un aménagement léger, le jardin bénéficie aussi d’une gestion douce : il évolue assez librement depuis 1985. On ne fait pratiquement que limiter les plantes qui prennent trop d’envergure, ou qui deviennent trop présentes. Le public est notamment invité à l’arrachage du trop plein de lierre et d’orties, à l’ouverture, en avril et à la fermeture, en novembre. Il n’y a bien entendu pas de produits chimiques ici. Et les animaux sont les bienvenus : on accueille par exemple les insectes dans des logements fabriqués exprès : depuis 2006, vous êtes dans un « espace vert écologique ».
Intérêts des friches urbaines
Les friches et autres délaissés laissent, a fortiori en ville, une place et donc une chance (un refuge, en un mot) aux plantes & animaux indigènes, qui constituent ce que l’on nomme la biodiversité banale. Banale peut-être, mais, par définition, la plus à même de vivre bien dans la région, sans nécessité de remanier le sol, ni d’arroser plus que ça, ni de traiter leurs maladies. En effet, si elles ont des pucerons, elles auront aussi des coccinelles !
Quelques regrets
- quelques plantes et animaux ont été introduits au moment de la réouverture au public, mais c’est le cas essentiellement à l’endroit du bassin ;
- on pourrait jardiner davantage l’endroit, en supprimant quelques arbres et quelques lentilles d’eau sur le bassin, pour donner un peu d’énergie à ce jardin qui a faim.
Accès restreint
Le jardin se repose de novembre à mars.
Du 1er avril au 31 octobre, sauf jours fériés et week end de vendanges à la vigne de Montmartre voisine, on accueille les scolaires (primaires, collèges et lycées) en animation, en semaine. Le grand public est reçu en visite libre le week end, mais il est prudent de vérifier si l’accès est possible, le cas échéant entre 13h30 à 18h30 (à 18h en octobre).
s’y rendre : M° Lamarck-Caulaincourt
PROMENADE DANS LE QUARTIER DE LA BUTTE AUX CAILLES (13e arr.)
Une promenade à travers les petites rues d’un quartier qui a su garder charme et authenticité, du square Michelet, caché et inattendu, au square René-Le-Gall, à la végétation luxuriante et au décor typique des années 1930.
Square Michelet (1989 / surface > 1.500 m² = 0.15 hectares)
Petit square très original, déssiné par l’architecte François SOULIER et le paysagiste Michel PÉNA, après consultation des riverains.
Palette végétale très diversifiée et plein d’astuces de conception pour une si petite surface : plantes aromatiques, arbres fruitiers, une vigne, un potager…
Au carrefour avec la rue Vergniaud, temple du culte antoiniste : on vient y chercher à la fois la guérison des misères physiques et morales. Fondé par l’ouvrier métallurgiste belge ANTOINE, mort en 1912, puis perpétué par sa femme.
La petite Alsace et la Petite Russie
Au n°10, rue Daviel, habitations à loyer modéré nées au début du siècle. C’est l’architecte Jean Walter qui dessina et réalisa, en 1912, pour la société » l’Habitation Familiale » fondée par l’abbé VILOLLET, quarante petites maisons individuelles de style alsacien pouvant abriter 302 personnes. Ces jolies petites maisons mitoyennes dotées de colombages étaient à l’origine destinées à accueillir des familles nombreuses de plus de douze enfants ! Restaurées en 1998-99 elles appartiennent toujours à la Ville de Paris.
Au fond de la cour, un alignement de maisons blanches constitue la Cité Citroën, aussi appelée « Petite Russie » : ces habitations étaient autrefois réservées aux chauffeurs de taxi dont beaucoup étaient d’anciens « Russes Blancs ». Sous la dalle de cette cité se trouve le garage où ils remisaient leurs taxis, seul vestige encore visible aujourd’hui.
Au fond, le jardin en contrebas se situe sur le lit de la Bièvre.
Villa Daviel
Impasse bordée de maisons ouvrières du début du 20e siècle. Constructions sur d’anciennes carrières ? Des carrières de pierre ont été exploitées aux abords de la Butte aux Cailles, jusqu’à 24 m de profondeur. Mais également carrières d’argile, de part et d’autre du lit de la Bièvre. La Bièvre coulait aux pieds de la butte, en formant de nombreuses mares et étangs qui permettaient aux Parisiens de patiner en hiver et de récolter de grandes quantités de glace que l’on stockait pour l’été dans des puits maçonnés recouverts de terre. Tout ce quartier prit donc le nom de quartier de la Glacière.
La Butte aux Cailles
Doit-elle son nom au gibier que l’on venait y chasser ou à une propriété appartenant à un certain Seigneur CAILLE au 16e siècle ?
En 1783, la première mongolfière, partie du château de la Muette, se posa sur la Butte aux Cailles, soit 8 km parcourus en 25 mn. Les passagers étaient PILÂTRE DE ROZIER et le marquis D’ARLANDES. La foule en délire se partagea la redingote de PILÂTRE DE ROZIER et la Garde dut intervenir pour protéger le ballon, construit dans les ateliers de papier peint RÉVÉILLON.
piscine de la Butte aux Cailles
La Piscine de la Butte aux Cailles (architecte : BONNIER), récemment rénovée, est un bel exemple d’architecture Année 30. Située Place Paul Verlaine, elle est alimentée par un puits artésien. Le forage du puits débute en 1866, mais les travaux sont interrompus par la chute du second Empire et la Commune, la nappe n’est atteinte qu’en 1904, à une profondeur de 584 mètres.
On construit d’abord un établissement de bains-douches (1908), puis la piscine en 1924, après avoir creusé jusqu’à 678 m pour augmenter le débit (température : 29°).
L’idée d’utiliser les puits artésiens à Paris date de 1822. ARAGO estimait que les nappes profondes permettraient de résoudre définitivement le problème de l’eau à Paris. Le premier puits artésien est creusé à Grenelle (1833-1841), près de la place de Breteuil, par Georges MULOT, ami d’ARAGO ; il atteint 548 m de profondeur. Il tarit progressivement et sera abandonné en 1903. Le puits de Passy (1855-1866), utilisé d’abord pour alimenter le réseau hydrographique du Bois de Boulogne, alimente encore la fontaine Lamartine. Eau très pure pouvant constituer une ressource sûre en cas de crise grave à Paris.
Square René Le Gall (1938 / surface > 3 hectares)
Ce square, construit dans un style néoclassique en 1938, par l’architecte Jean-Charles MOREUX, fut réalisé à l’emplacement d’une minuscule île parisienne, l’île aux Singes, formée par les bras de la Bièvre.
La Bièvre vive Rue Croulebarbe. A droite, les jardins des Gobelins, actuel square René le Gall
Ce lieu était auparavant un lieu de distraction des ouvriers de la Manufacture des Gobelins où se trouvaient des guinguettes et des débits de boissons, notamment des brasseries tenus par les ouvriers allemands de la manufacture. Les bateleurs laissaient leurs singes en liberté sur l’îlot, qui prit donc ce nom.
Nombreux arbres, formant bosquet dans la partie centrale, éléments typiques des années 30 et petites suprises…
Prochaines visites guidées
- vendredi 27 août 2010, à 14h30
Rendez-vous
à l’entrée du square Michelet, face au 45 rue Boussingault
Venir
- M° Glacière puis 10 min de marche
- bus 62, arrêts Glacière ou Hôpital Saint-Anne à proximité
PARC DÉPARTEMENTAL DE L’ÎLE SAINT-GERMAIN À ISSY-LES-MOULINEAUX (92) : LA NATURE A REPRIS SES DROITS
L’île Saint-Germain a une histoire parsemée de combats successifs contre une urbanisation et une industrialisation sauvages des lieux…
UNE ANCIENNE FRICHE MILITAIRE
L’île Saint-Germain est avant tout une terre agricole.
La construction du Comptoir central de Crédit Bonnard et Cie, puis du Pavillon de l’agriculture pour l’Exposition universelle de 1867 amorcèrent la transformation du site.
Pendant ce temps, l’île Seguin voisine accueillait avec les usines Renault un hôte important : les ouvriers affluent et trouvent à loger sur l’île Saint-Germain.
Cet hôte se révèle même un peu dangereux puisque le site subit en 1942 les dommages collatéraux d’un bombardement visant l’usine.
L’année 1964 a failli sonner le glas de ce site déjà fortement altéré. Le Schéma directeur d’aménagement de la région parisienne prévoyait la transformation de l’île Saint-Germain en zone portuaire, capable de stocker quantités de sable et de ciment. L’île ne devra son salut qu’à l’intervention ferme des élus de Boulogne-Billancourt, Issy-les-Moulineaux, Meudon et du conseil général des Hauts-de-Seine.
En 1973, étape préalable au commencement des travaux, un syndicat mixte est constitué. 7 années plus tard, un parc de 12 hectares est inauguré.
Ce chantier colossal aura nécessité de démolir pas moins de 35 bâtiments, d’acheminer 45 000 m3 de terre végétale, de planter 1 500 arbres et 3 500 arbustes.
Ce parc a été réaménagé dans les années 1990, au moment de la prise de conscience d’un environnement à préserver : 8 hectares supplémentaires ont été aménagés, notamment entre 1993 et 1996.
La démarche est également passée par l’inventaire et l’étude des arbres et plantes spontanés qui paraissaient pourtant dépourvus d’intérêt. Une végétation digne d’être prise en compte, valorisée et développée a ainsi pu être répertoriée.
La mise en valeur de cette friche militaire est passé par un projet de préverdissement. Le projet paysager proposé en 1995 par Yves DESHAYES s’inscrit alors dans les nouvelles orientations environnementales du Conseil général qui prône la création de nouveaux parcs valorisant la flore et la faune spontanées. Le paysagiste, profitant des valeurs du patrimoine végétal présent sur l’île, invente alors le concept des « jardins imprévus » dont les principes sont de préserver la flore spontanée en place et de favoriser son épanouissement par l’application d’une gestion plus respectueuse de l’environnement selon les pratiques de la gestion différenciée.
A l’île Saint-Germain, les aménagements, créés autour d’espaces clos ou ouverts, s’appuient sur le développement de la végétation existante, valorisent l’apparition d’espèces végétales spontanées et encouragent la colonisation d’une faune très diversifiée sur les berges et dans les espaces isolés.
Ce retour à la nature, passant par la valorisation de la friche, n’est pas sans rappeler le concept du « jardin en mouvement » du paysagiste contemporain Gilles CLÉMENT, pratique où le jardinier ne contrarie plus le mouvement naturel des plantes vagabondes, mais au contraire l’épouse.
Plus encore, les jardiniers de l’île Saint-Germain poussent les limites de ces expériences et font des « jardins imprévus » un projet singulier où, au-delà de la mouvance de la gestion différenciée, le jardin est au plus près de la nature, évolutif et durable. Car si la valeur esthétique du jardin, de sa composition, de sa structure interne a une importance incontestable, le travail de création est d’abord considéré dans un respect obstiné des écosystèmes où le jardinier est amené à intervenir avec parcimonie. Ce dernier doit renoncer à l’emploi des engrais, à l’application de divers produits chimiques et aux techniques d’arrosage traditionnelles.
Cette orientation devrait être renforcée à l’avenir par la création d’une « Réserve naturelle départementale » faisant l’objet d’un suivi scientifique rigoureux. Déjà, quelques actions ont engendré une évolution en ce sens : la réalisation d’une mare entraînant le développement d’un biotope des milieux humides, et la culture des plantes messicoles (plantes des « moissons ») ressuscitant avec bonheur les bleuets et coquelicots disparus de nos paysages.
LE PARC
le jardin de lavandes
Le jardin de lavandes a l’accent du sud : il accueille toutes sortes de plantes méditerranéennes préférant les milieux secs, comme les lavandes, les sauges, les sarriettes.
les jardins imprévus
Une balade dans les jardins imprévus fleure bon les vacances à la campagne : seul le chant des oiseaux a licence pour perturber le calme ambiant. Les vélos, aires de jeux ou de pique-nique, ainsi que les compagnons canins sont tenus éloignés de cet espace sensible afin d’en préserver la tranquillité. Tout passe, tout change, et les espèces évoluent librement au gré des saisons et au fil des ans. Grenouilles, tritons et es canards colverts se partagent les mares de ces jardins, tandis que les abeilles survolent paisiblement les lieux et effectuent d’incessants allers-retours jusqu’à leurs ruches.
Le belvédère offre la meilleure vue sur cette partie du site. Du haut de ce petit promontoire naturel, on peut observer et admirer les jardins imprévus dans leur globalité. En contrebas, un banc invite au repos et à la contemplation.
les jardins clos
Les jardins clos effectuent la transition entre les jardins imprévus et le parc. Quatre auvents protègent l’entrée du lieu. Semblable à la coursive d’un monastère, une allée ombragée longe les côtés de ce jardin rectangulaire et relie différents patios.
Les végétaux à caractère horticole se mêlent dans une réalisation qui recherche les harmonies de forme, de couleur, de volume et de hauteur.
le jardin des messicoles
Le jardin des messicoles invite à découvrir des plantes sauvages un peu particulières. Les botanistes les appellent scientifiquement plantes messicoles, c’est-à-dire « qui accompagnent les moissons ». Les agronomes les appellent professionnellement « plantes adventices des cultures ». Les âmes bohèmes les appellent poétiquement « fleurs des champs ». Les esprits bougons les appellent avec amertume « mauvaises herbes »…
Les pratiques agricoles modernes menacent cette flore d’une grande diversité. Elle est, dans ce jardin, protégée et valorisée : le promeneur pourra ainsi redécouvrir la mielle des blés, le chrysanthème des moissons, le coquelicot, et de nombreuses autres espèces.
le jardin antérieur
Le jardin antérieur renoue avec l’histoire du site : au VIe siècle, l’île était propriété de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés. A cette époque, la tradition voulait que les moines cultivent des potagers et plantent dans chacun d’entre eux des figuiers. La jardin antérieur, potager et fruitier, reproduit cette tradition : figure aujourd’hui dans ce lieu protégé un figuier.
le jardin des découvertes
Ce jardin composé d’une mare écologique (visiomare) et d’un potager biologique permet aux enfants et aux plus grands d’apprendre, ou simplement de réviser le nom des plantes et des animaux tout en s’amusant. Il est conçu comme un petit labyrinthe en forme de coquille d’escargot. Tout au long du parcours, des étiquettes sont placées comme autant de devinettes.
CONCLUSION
Depuis plus de vingt ans, le parc départemental de l’île Saint-Germain abrite des jardins variés et inattendus où poésie végétale, patrimoines naturel et historique s’entremêlent harmonieusement.
Plus encore aujourd’hui, il offre la vision d’une nature à la reconquête de son territoire où tout conduit à l’épanouissement d’une flore et d’une faune libres des contraintes urbaines pourtant si proches : à voir absolument !
ACCÈS
170, quai de Stalingrad
92130 Issy-les-Moulineaux
RENSEIGNEMENTS
animations, point informations et Halle : 01 55 95 80 70
PARC ANDRÉ CITROËN (15e)
Le parc André-Citroën fait partie d’un ensemble architectural ultramoderne, qui a surgi de terre dans les années 1990.
C’est l’un des parcs majeurs réalisés en cette fin de siècle à Paris, avec le parc de la Villette, le parc de Bercy, le parc de Belleville et le parc Georges-Brassens.
Création : 1992
Superficie : 14 ha
HISTORIQUE
La vocation avant-gardiste de ce quartier a commencé dès 1777. Le petit port de pêche du nom de Javel, où venaient canoter les plaisanciers depuis le 15ème siècle, fut transformé par l’installation d’une manufacture de produits chimiques.
Le comte d’Artois, futur Charles X qui devait accéder au trône en 1824, y fit fabriquer la fameuse eau désinfectante qui pris le nom du village. La réussite du comte et de son eau de Javel attira de nombreux autres industriels, jusqu’à l’arrivée au début du 20ème siècle de l’usine de l’ingénieur André Citroën, en 1915.
André Citroën s’était spécialisé au départ dans la fabrication de munitions, face à la pénurie observée pendant la première guerre. Il fit rapidement fortune avec une production qui atteignait les 20 000 obus par jour. La paix revenue, il reconvertit l’usine et se lança dans la construction automobile. Alors qu’en 1919, 30 voitures sortaient chaque jour de ses chaînes de montage, 5 ans plus tard, elles en produisaient déjà 250. Son succès lui permit de s’agrandir et une usine flambant neuve de 55 000 m² fut édifiée. Elle fut le berceau des fameuses tractions avant et de la DS.
En 1958, le Conseil Municipal décida de donner le nom d’André-Citroën au quai de Javel. 14 ans plus tard, la dernière DS devait sortir des chaînes de montage. Les activités de l’usine furent transférées à Aulnay-Sous-Bois, seul le siège devait demeurer au quai André-Citroën, jusqu’au 6 octobre 1982, date à laquelle la totalité des activités des usines Citroën quittèrent ce lieu légendaire pour Neuilly-Sur-Seine.
C’est à l’emplacement des 24 hectares de l’usine Citroën que le parc fut inauguré en 1992. Il offre une très belle perspective sur la Seine et il est le seul, à ce jour, à être directement ouvert sur le fleuve. Une promenade le long de la Seine va bientôt voir le jour, entre le parc de Bercy et le parc André-Citroën et permettra ainsi de traverser la capitale sans quitter le rivage.
LE PARC
Cette œuvre futuriste, réalisée par les paysagistes et les architectes Alain Provost, Gilles Clément, Patrick Berger, Jean-Paul Viguier et François Jodry a nécessité l’apport de 43 000 m3 de terre lors de sa création. Aujourd’hui, les habitants du 15ème arrondissement bénéficient de 13m² d’espaces verts et de 5 arbres par habitant !
Il est divisé en 3 parties :
- le Jardin Blanc (1 hectare, entre la rue Saint-Charles et la rue Balard), dédié à la promenade et aux jeux, où des plantes vivaces à dominante blanche éclairent ce petit espace protégé de hauts murs;
- le Jardin Noir (2 hectares, entre la rue Saint-Charles et la rue Leblanc), à la végétation plus touffue, également clos et reconnaissable à ses gradins, qui vous mènent à une petite place entourée de soixante-quatre jets d’eau;
- un grand parc central (11 hectares), dont une large pelouse se couvre dès le printemps de centaines de Parisiens pressés de reprendre des couleurs; il décline ses multiples jeux d’eau jusqu’à la Seine où il finit sa course en pente douce.
Vous pourrez y observer de beaux spécimens d’arbres, dont le séquoia, originaire d’Amérique du Nord. Son aspect fibreux permettrait à certains de pratiquer la boxe, car il rebondit ! Le cyprès chauve mérite aussi toute votre attention. Sa particularité réside dans sa résistance exceptionnelle à l’élément aquatique. Il possède des pneumatophores, des racines creuses qui lui permettent de respirer sous l’eau ! Il fait le bonheur des menuisiers qui utilisent son bois pour réaliser des meubles.
Le parc est rythmé par des jeux d’eau remarquables.
2 serres monumentales de 15 mètres de haut sont situées en face du parc central. L’une a vocation d’orangerie d’octobre à avril, l’autre abrite des plantes de climat méditerranéen des zones australes. L’orangerie abrite régulièrement de belles expositions.
De magnifiques magnolias apportent un peu d’ombre à cet espace dégagé, le long des serres, qui projettent inexorablement les rayons du soleil sur les promeneurs.
Six petites serres, situées au-dessus des Jardins Sériels, au Nord-Est du parc, répondent aux six jardins sériels, dont les couleurs sont associées à un métal, à une planète, à un jour de la semaine, à un état de l’eau, mais aussi à un sens :
- le jardin bleu = le cuivre, Vénus, vendredi, la pluie et l’odorat;
- le jardin vert = l’étain, Jupiter, jeudi, la source et l’oui;
- le jardin orange = le mercure, Mercure, mercredi, le ruisseau et le toucher;
- le jardin rouge = le fer, Mars, mardi, la cascade et le goût;
- le jardin argent = l’argent, la Lune, lundi, la rivière et la vue;
- le jardin doré = l’or, le Soleil, dimanche, l’évaporation et le 6ème sens.
Le Jardin des Métamorphoses évoque la » transmutation alchimique de l’or et du plomb « .
Le Jardin en Mouvement est une friche jardinée où des fusains, des rosiers, des parrotias se mêlent à ce que l’on appellerait ailleurs des mauvaises herbes (coquelicots, compagnons rouges, digitales, chardons d’arabie…) qui se ressèment pour fleurir dans d’autres endroits du parc, les années suivantes, d’où ce terme de jardin en mouvement. Cette partie contraste avec l’ordre végétal qui règne dans l’ensemble du parc. Vous y verrez la balsamine, appelée aussi impatiente, car lorsque l’on touche ses petites capsules arrivées à maturité, elles éclatent.
Amusez-vous à repérer la corneille noire. Elle aime les vastes étendues et vous l’apercevrez sûrement sur la pelouse centrale. C’est le plus gros oiseau nicheur parisien, avec une envergure qui peut atteindre 1 mètre. Omnivore, il consomme tout ce qui lui tombe sous le bec : fruits, insectes, œufs, oiseaux, vivants ou morts… C’est l’oiseau qui aurait servi à illustrer la fable de La Fontaine du Corbeau et du Renard.
ACCÈS
plusieurs entrées piétons : Quai André-Citroën, rue Leblanc, rue Saint-Charles, rue de la Montagne-de-la-Fage
plusieurs métros : Lourmel, place Balard
RER André Citroën ou bd Victor
À NE PAS MANQUER
- faites une ascension en ballon captif : n’oubliez pas votre appareil photo. À éviter si vous avez le mal de l’air : vous seriez à 150m de hauteur…
- suivez absolument et plus que jamais une visite guidée : la conception est très savante, utilise de nombreuses références et source d’inspiration ; et la palette végétale est très vaste.