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PARC DÉPARTEMENTAL DE L’ÎLE SAINT-GERMAIN À ISSY-LES-MOULINEAUX (92) : LA NATURE A REPRIS SES DROITS
L’île Saint-Germain a une histoire parsemée de combats successifs contre une urbanisation et une industrialisation sauvages des lieux…
UNE ANCIENNE FRICHE MILITAIRE
L’île Saint-Germain est avant tout une terre agricole.
La construction du Comptoir central de Crédit Bonnard et Cie, puis du Pavillon de l’agriculture pour l’Exposition universelle de 1867 amorcèrent la transformation du site.
Pendant ce temps, l’île Seguin voisine accueillait avec les usines Renault un hôte important : les ouvriers affluent et trouvent à loger sur l’île Saint-Germain.
Cet hôte se révèle même un peu dangereux puisque le site subit en 1942 les dommages collatéraux d’un bombardement visant l’usine.
L’année 1964 a failli sonner le glas de ce site déjà fortement altéré. Le Schéma directeur d’aménagement de la région parisienne prévoyait la transformation de l’île Saint-Germain en zone portuaire, capable de stocker quantités de sable et de ciment. L’île ne devra son salut qu’à l’intervention ferme des élus de Boulogne-Billancourt, Issy-les-Moulineaux, Meudon et du conseil général des Hauts-de-Seine.
En 1973, étape préalable au commencement des travaux, un syndicat mixte est constitué. 7 années plus tard, un parc de 12 hectares est inauguré.
Ce chantier colossal aura nécessité de démolir pas moins de 35 bâtiments, d’acheminer 45 000 m3 de terre végétale, de planter 1 500 arbres et 3 500 arbustes.
Ce parc a été réaménagé dans les années 1990, au moment de la prise de conscience d’un environnement à préserver : 8 hectares supplémentaires ont été aménagés, notamment entre 1993 et 1996.
La démarche est également passée par l’inventaire et l’étude des arbres et plantes spontanés qui paraissaient pourtant dépourvus d’intérêt. Une végétation digne d’être prise en compte, valorisée et développée a ainsi pu être répertoriée.
La mise en valeur de cette friche militaire est passé par un projet de préverdissement. Le projet paysager proposé en 1995 par Yves DESHAYES s’inscrit alors dans les nouvelles orientations environnementales du Conseil général qui prône la création de nouveaux parcs valorisant la flore et la faune spontanées. Le paysagiste, profitant des valeurs du patrimoine végétal présent sur l’île, invente alors le concept des « jardins imprévus » dont les principes sont de préserver la flore spontanée en place et de favoriser son épanouissement par l’application d’une gestion plus respectueuse de l’environnement selon les pratiques de la gestion différenciée.
A l’île Saint-Germain, les aménagements, créés autour d’espaces clos ou ouverts, s’appuient sur le développement de la végétation existante, valorisent l’apparition d’espèces végétales spontanées et encouragent la colonisation d’une faune très diversifiée sur les berges et dans les espaces isolés.
Ce retour à la nature, passant par la valorisation de la friche, n’est pas sans rappeler le concept du « jardin en mouvement » du paysagiste contemporain Gilles CLÉMENT, pratique où le jardinier ne contrarie plus le mouvement naturel des plantes vagabondes, mais au contraire l’épouse.
Plus encore, les jardiniers de l’île Saint-Germain poussent les limites de ces expériences et font des « jardins imprévus » un projet singulier où, au-delà de la mouvance de la gestion différenciée, le jardin est au plus près de la nature, évolutif et durable. Car si la valeur esthétique du jardin, de sa composition, de sa structure interne a une importance incontestable, le travail de création est d’abord considéré dans un respect obstiné des écosystèmes où le jardinier est amené à intervenir avec parcimonie. Ce dernier doit renoncer à l’emploi des engrais, à l’application de divers produits chimiques et aux techniques d’arrosage traditionnelles.
Cette orientation devrait être renforcée à l’avenir par la création d’une « Réserve naturelle départementale » faisant l’objet d’un suivi scientifique rigoureux. Déjà, quelques actions ont engendré une évolution en ce sens : la réalisation d’une mare entraînant le développement d’un biotope des milieux humides, et la culture des plantes messicoles (plantes des « moissons ») ressuscitant avec bonheur les bleuets et coquelicots disparus de nos paysages.
LE PARC
le jardin de lavandes
Le jardin de lavandes a l’accent du sud : il accueille toutes sortes de plantes méditerranéennes préférant les milieux secs, comme les lavandes, les sauges, les sarriettes.
les jardins imprévus
Une balade dans les jardins imprévus fleure bon les vacances à la campagne : seul le chant des oiseaux a licence pour perturber le calme ambiant. Les vélos, aires de jeux ou de pique-nique, ainsi que les compagnons canins sont tenus éloignés de cet espace sensible afin d’en préserver la tranquillité. Tout passe, tout change, et les espèces évoluent librement au gré des saisons et au fil des ans. Grenouilles, tritons et es canards colverts se partagent les mares de ces jardins, tandis que les abeilles survolent paisiblement les lieux et effectuent d’incessants allers-retours jusqu’à leurs ruches.
Le belvédère offre la meilleure vue sur cette partie du site. Du haut de ce petit promontoire naturel, on peut observer et admirer les jardins imprévus dans leur globalité. En contrebas, un banc invite au repos et à la contemplation.
les jardins clos
Les jardins clos effectuent la transition entre les jardins imprévus et le parc. Quatre auvents protègent l’entrée du lieu. Semblable à la coursive d’un monastère, une allée ombragée longe les côtés de ce jardin rectangulaire et relie différents patios.
Les végétaux à caractère horticole se mêlent dans une réalisation qui recherche les harmonies de forme, de couleur, de volume et de hauteur.
le jardin des messicoles
Le jardin des messicoles invite à découvrir des plantes sauvages un peu particulières. Les botanistes les appellent scientifiquement plantes messicoles, c’est-à-dire « qui accompagnent les moissons ». Les agronomes les appellent professionnellement « plantes adventices des cultures ». Les âmes bohèmes les appellent poétiquement « fleurs des champs ». Les esprits bougons les appellent avec amertume « mauvaises herbes »…
Les pratiques agricoles modernes menacent cette flore d’une grande diversité. Elle est, dans ce jardin, protégée et valorisée : le promeneur pourra ainsi redécouvrir la mielle des blés, le chrysanthème des moissons, le coquelicot, et de nombreuses autres espèces.
le jardin antérieur
Le jardin antérieur renoue avec l’histoire du site : au VIe siècle, l’île était propriété de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés. A cette époque, la tradition voulait que les moines cultivent des potagers et plantent dans chacun d’entre eux des figuiers. La jardin antérieur, potager et fruitier, reproduit cette tradition : figure aujourd’hui dans ce lieu protégé un figuier.
le jardin des découvertes
Ce jardin composé d’une mare écologique (visiomare) et d’un potager biologique permet aux enfants et aux plus grands d’apprendre, ou simplement de réviser le nom des plantes et des animaux tout en s’amusant. Il est conçu comme un petit labyrinthe en forme de coquille d’escargot. Tout au long du parcours, des étiquettes sont placées comme autant de devinettes.
CONCLUSION
Depuis plus de vingt ans, le parc départemental de l’île Saint-Germain abrite des jardins variés et inattendus où poésie végétale, patrimoines naturel et historique s’entremêlent harmonieusement.
Plus encore aujourd’hui, il offre la vision d’une nature à la reconquête de son territoire où tout conduit à l’épanouissement d’une flore et d’une faune libres des contraintes urbaines pourtant si proches : à voir absolument !
ACCÈS
170, quai de Stalingrad
92130 Issy-les-Moulineaux
RENSEIGNEMENTS
animations, point informations et Halle : 01 55 95 80 70
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